La singularité comme moteur de l’accompagnement

            Le socle de l’approche clinique de l’Antenne 110 est la prise en considération de la singularité de chaque enfant et de chaque intervenant. Non seulement la singularité des uns et des autres est accueillie comme la marque d’un style personnel, mais elle est également le moteur du travail avec l’enfant.
            Comme nous aurons l’occasion d’y revenir dans le présent document, cette façon d’envisager le travail avec les enfants autistes est incompatible avec une programmation et une standardisation des objectifs thérapeutiques, rééducatifs et pédagogiques. À ce titre, la pratique clinique à l’Antenne n’est pas une méthode (où chacun des intervenants appliquerait une technique en suivant un même manuel), mais relève plutôt d’une approche clinique qui différencie chaque accompagnement suivant la singularité de chacun.
          Si l’on peut donc parler d’une approche « individualisée », il faut veiller à distinguer deux formes d’individualisation des pratiques cliniques dans l’autisme. La forme la plus courante consiste à sélectionner la méthode qui aurait le plus de chances d’obtenir les meilleurs résultats, en fonction d’une analyse des  « caractéristiques » spécifiques de l’enfant. L’approche clinique proposée à l’Antenne n’est pas « individualisée » en ce sens. C’est un critère éthique qui détermine la prise en compte de l’individualité de l’enfant : celle-ci n’est pas instrumentalisée pour viser un résultat particulier avec une méthode particulière. Nous parlons d’une pratique « individualisée » en ce sens que les particularités de l’enfant sont la marque d’un sujet avec lequel nous avons à apprendre à dialoguer.
            Il s’agit donc d’une révolution à 180° par rapport à la façon dont est le plus souvent considéré le travail en institution avec les enfants autistes : contrairement à certains types de prises en charge qui préconisent que c’est l’enfant qui doit d’abord et avant tout s’adapter aux exigences des professionnels, à l’Antenne, le point de départ du travail est l’adaptation des intervenants aux difficultés et aux ressources de chaque enfant, afin de construire avec lui un partenariat[1] qui permettra de l’aider à se déplacer au niveau de ce qui fait difficulté pour lui, au niveau du lien social, et au niveau des apprentissages.

 

[1] Nous parlons à l’Antenne de «partenariat» avec l’enfant, car aussi bien dans ce qui est entrepris avec l’enfant pour lui permettre de s’apaiser que dans ce qui est entrepris pour l’aider à évoluer, nous cherchons des façons de faire qui ont l’assentiment de l’enfant.