FLOOR-TIME

Convergence partielle

Présentation

            Le « Floor-time » est une approche développementale élaborée par Stanley Greenspan durant les années 90’. Elle s’appuie sur le DIR[1], un modèle développemental conçu par le même auteur. Celui-ci est composé de six stades parcourus par les jeunes enfants qui présentent un développement normal. Ces stades concernent le développement des aspects affectifs, relationnels, symboliques.
            L’objectif du Floor-time est de soutenir et faciliter le développement des capacités relationnelles, affectives et symboliques de l’enfant avec TSA, en restant au plus proche du stade où l’enfant se trouve (zone proximale de développement). Le moyen privilégié pour y parvenir est le jeu avec l’enfant, qui est réalisé au niveau du sol (« floor »). Le thérapeute propose à l’enfant de jouer avec le matériel qu’il privilégie, tout en cherchant à s’ « accorder » — au niveau affectif et relationnel — avec celui-ci. Cela implique de soutenir les initiatives de l’enfant, au niveau du jeu, de respecter les difficultés relationnelles et émotionnelles que l’enfant peut présenter du fait de la présence de l’intervenant.
            Dans les cas où l’enfant est engagé dans une activité qui ne laisse pas la possibilité au thérapeute d’interagir, ce dernier pratique une « obstruction ludique », consistant à s’intercaler délicatement et de façon ludique entre l’enfant et ce qu’il réalise, afin que l’activité réalisée de façon solitaire devienne l’occasion d’un jeu et d’une interaction prolongée. (Par exemple dans la situation où un enfant ouvre et ferme une porte de façon répétée et continue, le thérapeute bloque un peu le mouvement en cherchant à transformer ce blocage en jeu, laissant à l’enfant la possibilité de décoincer la porte).
            Petit à petit, au fur et à mesure du développement « symbolique » de l’enfant (usages spontanés de l’image, du dessin, du pointage, de paroles), les jeux de manipulation laissent place à des jeux de « semblant », au sein desquels l’enfant et le thérapeute jouent chacun un rôle. Par exemple si l’enfant manipule une figurine en plastique de Batman, l’intervenant manipulera à proximité la figurine de Robin (le coéquipier de Batman) et favorisera l’élaboration d’une histoire par l’enfant ainsi que le développement de concepts abstraits (par exemple le sens de la justice, dont fait preuve Batman).

À l'Antenne

            Le Floor-time et la pratique clinique à l’Antenne ont en commun le respect des particularités de l’enfant (au niveau de son rapport au corps, à autrui, à l’environnement) ainsi que la place centrale donnée aux activités spontanées de l’enfant (« le jeu ») et au développement de ces activités (ce que nous dénommons les « élaborations ») dans le cadre de l’accompagnement. De plus, les interventions d’ « obstruction ludique » du Floor-time sont similaires à ce que nous qualifions à l’Antenne de « doux forçage ». Celui-ci consiste à inciter l’enfant à un écart par rapport à ses habitudes, tout en le soutenant dans la mise en place d’une solution « de rechange » plus flexible, par exemple qui permet une complexification d’une élaboration, ou qui s’articule à un lien social ou un apprentissage.
            Toutefois, la pratique du Floor-time est extrêmement restrictive au niveau du cadre qu’elle propose (assis à terre, en attente d’une activité spontanée de l’enfant), au regard de l’importance et de la diversité des difficultés que présentent les enfants autistes. À notre sens, viser le « bien-être » de l’enfant ne peut pas être exclusif et séparé du contexte quotidien de l’enfant, comme c’est le cas dans le Floor-Time. À l’Antenne, l’accompagnement de l’enfant autiste est réalisé au travers d’une pluralité de contextes (ateliers, récréations, repas, moments de soin, habillage, etc.) et une pluralité de registres (régulations, élaboration, socialisation, apprentissages). Selon nous, le « bien-être » de l’enfant autiste ne se travaille pas seulement en jouant quelques heures par semaines avec un thérapeute dans le contexte d’un colloque singulier, mais d’abord et avant tout dans le quotidien de l’enfant, parmi des pairs, à un repas, en récréation, en utilisant une tablette ou un ordinateur, à la piscine, en classe, etc. Tous ces moments sont des occasions saisies pour favoriser le développement symbolique, relationnel et affectif de l’enfant.

En savoir plus sur cette pratique

Greenspan, S., & Wieder, S. (2006). Engaging autism. DA CAPO LIFELONG BOOKS.
 
 

[1] DIR est un acronyme constitué par les éléments importants du modèle : les capacités Développementales ; les différences Individuelles dans le fonctionnement sensori-moteur et la régulation affective ; les Relations et l’environnement.