La régulation relationnelle est le second pivot qui participe à la pacification de l’enfant, condition, rappelons-le, d’une socialisation et d’un apprentissage consentis. Travailler à cette régulation implique de veiller à ce que l’enfant puisse trouver une juste distance auprès d’autrui qui lui convienne. C’est très rarement le cas lorsque les enfants arrivent à l’Antenne. Certains enfants refusent très activement d’être en présence d’autrui (par exemple en interagissant de façon agressive), tandis que d’autres y semblent indifférents. D’autres encore sont captivés, sans retenue ni distance, par les autres (enfants ou intervenants). Pour finir, certains oscillent, soit en fonction des moments de la journée soit en fonction des personnes, entre une indifférence et une proximité très forte avec autrui.
Une double stratégie est élaborée, au cas par cas :
Soutenir ce qui favorise la régulation relationnelle
Il est important d’accueillir et soutenir le style de l’enfant dans son rapport à autrui (ses choix et ses initiatives, son style communicationnel, ses interlocuteurs préférentiels, ses façons de répondre — ou de ne pas répondre — à notre demande).
Frédéric communique très peu verbalement de façon spontanée. Il peut répondre en chuchotant un mot quand on lui demande quelque chose. Il se sert plus volontiers du langage gestuel et écrit pour communiquer avec autrui. Dans nos interactions avec Frédéric, nous prenons acte de cette difficulté personnelle pour lui de « sortir » sa voix, et nous pouvons lui proposer de nous écrire ce qu’il souhaite nous indiquer.
Dans certaines situations qui le mettent en difficulté ou qui ne lui conviennent pas, il peut nous communiquer son anxiété ou sa colère en claquant fermement la main sur la table ou en tapant du pied tout en accompagnant ce geste d’un cri. C’est sa façon d’exprimer sa colère ou son anxiété et nous la respectons, même si nous pouvons lui indiquer à l’occasion qu’il peut exprimer ses émotions autrement.
Dans certaines situations qui le mettent en difficulté ou qui ne lui conviennent pas, il peut nous communiquer son anxiété ou sa colère en claquant fermement la main sur la table ou en tapant du pied tout en accompagnant ce geste d’un cri. C’est sa façon d’exprimer sa colère ou son anxiété et nous la respectons, même si nous pouvons lui indiquer à l’occasion qu’il peut exprimer ses émotions autrement.
Marianne se montre indifférente aux intervenants, à l’exception de certaines stagiaires et jeunes femmes de l’équipe : elle réclame leur présence à tout prix, se met tout contre elles, les imite en permanence. Si ce lien privilégié peut se montrer problématique (par exemple quand elle s’accroche fermement à une personne, tout en la pinçant), l’hypothèse clinique qui a orienté le travail avec Marianne est que ce lien privilégié constitue néanmoins un appui précieux pour elle à l’Antenne. En accueillant et en soutenant, dans la mesure du possible, cette façon d’être avec l’autre, Marianne a pu trouver des partenaires « sur mesure » avec qui entreprendre un travail rééducatif (au niveau de l’autonomie) et pédagogique (au niveau du langage oral).
Contrecarrer ce qui fragilise la régulation relationnelle
Nous sommes vigilants à contrecarrer ce qui fragilise l’enfant au niveau relationnel (les signes de la présence d’autrui - voix, regard ; la demande ; agressions/contacts).
Oscar est très en difficulté avec toute demande qui lui est adressée par les intervenants. Par exemple, l’inviter à se rendre à la salle de bain le matin pour se laver les dents occasionne des passages à l’acte très importants. L’hypothèse clinique qui a orienté le travail avec Oscar est que la difficulté est liée au fait que les intervenants, lorsqu’ils s’adressent à Oscar, le regardent et donnent de la voix. En étant attentif à cette difficulté particulière, et en prenant soin de ne pas le confronter à cette difficulté (par exemple en chantonnant quand nous lui demandons quelque chose), Oscar a pu trouver en nous des partenaires d’une relation pacifiée, ce qui a lui a permis de participer, sans être trop anxieux, aux activités scolaires dans l’institution.
Larry se met très en colère lorsque nous lui demandons quelque chose. Par exemple, lorsque la récréation au jardin se termine et que nous lui demandons de rentrer dans le bâtiment, il peut lancer les objets à sa disposition, crier et se jeter par terre, s’enfuir en courant. Nous pouvons par contre observer que Larry accepte mieux nos demandes quand elles ne lui sont pas adressées en personne, mais qu’elles sont formulées de façon collective. En accueillant cette difficulté et en prenant soin, quand c’est possible, de formuler les demandes « à la cantonade » (« allez, les enfants, la récréation est terminée. On rentre ! »), Larry peut les entendre plus facilement et cesser de prendre le contre-pied de notre parole.
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